Avez-vous remarqué que tous les ans, il nous est possible d’apercevoir des oiseaux en vol qui partent et qui reviennent à différents moments de l’année? Ils font ce qu’on appelle des migrations annuelles. Il existe 2 migrations soit celle au printemps et celle à l’automne1,4.
Le but des migrations est simple :
À l’automne, on part pour un pays chaud pour fuir les temps froids. On l’appelle la migration postnuptiale où les individus quittent les habitats de nourriture estivale et se dirigent (en général) vers le sud.
Au printemps, on revient pour trouver de la nourriture et se reproduire. Il s’agit donc de la migration prénuptiale où les individus quittent l’aire d’hivernage et se dirigent (en général) vers le nord. Ce qui poussent les oiseaux à migrer est donc lié directement à la disponibilité de la nourriture4,6.
Les espèces migrent deux fois par année et peuvent être classées dans les 3 catégories de migrateurs selon le nombre de migrants, la distance parcourue et le moment de la journée choisi pour effectuer les deux migrations annuelles.
D’abord, il existe des oiseaux dît migrateurs totaux et des oiseaux migrateurs partiels. Tous les individus de la population migrent dans le premier cas, tandis que seulement une partie de la population migre dans le second5,6.
De plus, on peut distinguer des migrateurs courte-distance et des migrateurs longue-distance. Les courte-distance parcourent entre 10 et 1000 km, tandis que les longues distances peuvent voyager au niveau transcontinental (du Canada à l’Amérique du Sud par exemple). Les migrateurs courte-distance ont donc des départs beaucoup plus tardifs, puisqu’ils n’ont pas un long voyage à faire3,4,5,6.
Finalement, on distingue les migrateurs diurnes, donc qui migrent le jour, et les migrateurs nocturnes qui migrent la nuit. Surprenamment, le 2/3 des espèces sont des migrateurs nocturnes. Ce choix est fait en raison d’un vol plus facile, puisque l’air plus frais, plus dense et moins venteux permet une économie d’énergie6.
Les types de migrations sont donc diversifiés et sont différents d’une espèce à l’autre, mais restent, dans tous les cas, un exploit impressionnant.
Comment doit-on se préparer pour effectuer un si long voyage?
Il s’agit d’un déplacement qui requiert d’importantes dépenses énergétiques. C’est pourquoi, avant de migrer, les oiseaux doivent faire des réserves d’énergie en accumulant beaucoup de graisse via l’alimentation. Certaines espèces peuvent prendre jusqu’au double de leur poids. En plus d’avoir assez d’énergie, les oiseaux doivent assurer l’optimisation de leur outil de vol: les ailes. Les plumes des ailes s’usent et s’abiment avec le temps, ce qui réduit les capacités et les performances de vol. Elles doivent donc être remplacées régulièrement avec des mues. La plupart des espèces effectuent ainsi leur mue avant leur migration pour avoir des plumes fortes et optimales6.
Le perfectionnement du type de vol le plus efficace selon l’espèce est d’ailleurs d’une haute importance pour assurer l’arrivée à destination en sécurité et en vie. Il existe d’abord le vol à voile qui est le vol plané sur les courants d’air chaud, le vol battu qui est effectué avec le battement des ailes constant (énergivore et surtout utilisé chez les oiseaux de petite taille) et le vol en V. Ce dernier est bien connu puisqu’il s’agit du type de vol utilisé chez beaucoup d’espèces migratrices. Le positionnement très précis des individus en forme de V dans le ciel n’est pas anodin. Il permet d’abord une protection de groupe contre les prédateurs, mais surtout de faciliter le vol en créant un effet d’aspiration dû aux mouvements des ailes des oiseaux à l’avant. Il est donc beaucoup moins fatigant de voler à l’arrière du V qu’à l’avant. C’est pourquoi l’oiseau du devant est toujours relayé après quelques minutes, évitant à chacun de dépenser beaucoup d’énergie sur une longue période de temps. Le groupe n’est donc jamais ralenti et arrive plus rapidement à bon port 6,7.
Mais comment font les oiseaux pour toujours retrouver leur chemin?
Ils usent de leurs différents sens.
En premier lieu, avec leur vue, ils utilisent le ciel. La longueur des journées, donc la quantité d’ensoleillement, leur permet de déterminer à quel moment ils doivent commencer leur migration1.
Pour les migrateurs diurnes (c’est-à-dire de jour), la position du soleil est très utilisée pour leur orientation. Pour les migrateurs nocturnes (c’est-à-dire de nuit) vont plutôt se fier aux étoiles. Dans les deux cas, ces astres dans le ciel sont constants et suivent des mouvements répétitifs ce qui est très utile et simple pour l’orientation des oiseaux1,2.
Cependant, pour qu’un tel phénomène soit possible, les oiseaux doivent posséder une habileté qui leur permet d’interpréter les informations recueillies par la position du soleil et des étoiles, puisqu’ils sont constamment en mouvement. Les oiseaux possèdent donc une horloge biologique interne qui leur permet d’interpréter les changements dans les positions du soleil et des étoiles au cours d’une journée et de s’orienter dans la bonne direction, peu importe l’heure2,4.
Les oiseaux possèdent aussi une très bonne mémoire visuelle. Celle-ci leur permet d’utiliser des repères visuels au sol comme les montagnes et les rivières. Ils apprennent donc lors de leurs premières migrations à identifier des endroits qu’ils rechercheront dans le futur1.
Ils détiennent également un pouvoir remarquable : utiliser les champs magnétiques de la terre. Certains oiseaux (seulement les espèces migratrices) possèdent des capteurs magnétiques dans leurs yeux. Il s’agit en fait d’une protéine présente dans la rétine de l’œil droit qui se nomme cryptochrome. Cette protéine est sensible aux ondes électromagnétiques contenant la longueur d’onde de la couleur bleue, ce qui est la longueur d’onde du champ magnétique terrestre. De plus, ils possèdent des petits cristaux au niveau du bec, semblables à de la magnétite (minerai d’un aimant). Le mouvement de ces cristaux attirés par l’orientation du champ magnétique induit des signaux chimiques dans le cerveau ce qui leur permet de déterminer leur position1,2.
Des études ont démontré que les oiseaux se déplacent aussi grâce à leur sens olfactif. Ils sont capables de se souvenir des odeurs ambiantes transportées par le vent et d’utiliser ces repères olfactifs pour s’orienter comme s’ils utilisaient une « carte odorante ». Ils peuvent utiliser l’intensité d’une odeur comme le dimethyl sulfide qui est un gaz libéré par le phytoplancton (algues microscopiques dans les océans). Il s’agit d’une habileté possible grâce au bulbe olfactif qui est la partie du cerveau qui analyse les odeurs. Plus le bulbe olfactif est développé, plus l’oiseau utilise l’olfaction pour s’orienter, signifiant que les oiseaux migrateurs ont un bulbe olfactif plus développé. Il a été prouvé qu’en privant un individu de son sens olfactif (en bouchant les narines par exemple) l’oiseau est désorienté2.
En résumé, il est montré que les oiseaux peuvent utiliser les repères visuels, les astres, le champ magnétique et l’odorat pour se déplacer.
Mais lequel de ces outils est le plus utilisé?
La réponse n’est pas claire. Ce serait une combinaison de tous ces phénomènes qui leur permettrait de retrouver facilement leur chemin, puisque privés d’un d’entre eux, l’orientation devient plus difficile. Cependant, si on se fie à la force de la désorientation lorsqu’ils en sont privés, la vue (donc les repères visuels et les astres) semble dominer, suivis par l’olfaction puis par les champs magnétiques. Dans tous les cas et peu importe l’espèce, les phénomènes de migrations restent spectaculaires et fascinants2.
Ayez une pensée pour tous leurs efforts la prochaine fois que vous verrez des oiseaux migrer dans le ciel!
Catherine Morin
Biologiste
Références
1. National Geographic. Comment s’orientent les oiseaux migrateurs ?
URL : https://www.nationalgeographic.fr/animaux/comment-sorientent-les-oiseaux-migrateur
2. Sciences et Avenir. 2019. Question de la semaine : comment les oiseaux migrateurs se dirigent-ils ?
URL : https://www.sciencesetavenir.fr/animaux/oiseaux/comment-les-oiseaux-migrateurs-se-dirigent-ils_132932
3. Espace pour la vie – Montréal. Migrations d’oiseaux – Épisodes 1à 9.
URL : https://espacepourlavie.ca/migrations-doiseaux-episode-8-les-differents-types-de-migration
4. Conservation de la nature du Canada. Introduction à la science derrière la migration des oiseaux au Canada.
URL : https://www.natureconservancy.ca/fr/articles-vedettes/science-migration-oiseaux.html
5. Mission migration. Diversité des migrations.
URL : https://www.migraction.net/index.php?m_id=22004&item=4
6. Instinct animal. 2020. Qu’est-ce-que la migration des oiseaux ?
URL : https://www.instinct-animal.fr/guide/ornithologie/la-migration-chez-les-oiseaux/
7. Le mag des animaux. 2021. Pourquoi certains oiseaux volent en V ?
URL : https://lemagdesanimaux.ouest-france.fr/dossier-1010-pourquoi-oiseaux-volent.html
